Le patient partenaire

La thérapie en psychiatrie moderne repose sur le principe de la prise de décision partagée. Les patients ne sont pas des récipiendaires passifs des plans de traitement, mais des participants actifs dont les opinions, les souhaits et les expériences sont valorisés et pris en compte. Concevoir une thérapie individualisée signifie que le patient, en collaboration avec l’équipe thérapeutique, participe à l’élaboration de son parcours de soin. Cela inclut le choix des approches thérapeutiques, la définition des objectifs et la révision régulière des progrès. Cette approche participative permet aux patients de se sentir respectés et autonomes, leur donnant ainsi les moyens de prendre en main leur santé et de s’engager pleinement dans leur processus de rétablissement.

Au-delà du traitement individuel, il est crucial d’impliquer les patients dans les processus organisationnels d’une structure psychiatrique. Leurs perspectives et leurs expériences peuvent fournir des informations précieuses pour améliorer la qualité des soins et des services offerts. Cela peut se faire par le biais d’enquêtes régulières auprès des patients, de groupes de retour d’information ou en incluant des représentants des patients dans les comités et les processus décisionnels. Lorsque les patients sentent que leur voix est entendue et que leurs préoccupations sont prises au sérieux, cela renforce leur confiance envers l’institution et favorise une culture d’ouverture et de transparence.

Une relation de partenariat entre le patient et le soignant ne favorise pas seulement l’efficacité de la thérapie, mais contribue également au bien-être du patient. Elle crée une atmosphère de respect et de reconnaissance dans laquelle les patients se sentent en sécurité et soutenus. Cette sécurité est un facteur clé pour le rétablissement, car elle encourage le patient à aborder ouvertement ses problèmes et à participer activement à son traitement.

Le contrat d’alliance thérapeutique multidisciplinaire (CATM) est un document qui sert de base au plan thérapeutique. Le CATM est toujours établi dans le cadre d’un dialogue thérapeutique et promotionnel entre le patient et l’équipe thérapeutique (en particulier ses référents thérapeutiques primaires) et confirme le rôle central que joue le patient dans l’élaboration de sa thérapie.

Il décrit, dans un langage compréhensible pour le patient, quel est le diagnostic, quelles sont les valeurs importantes pour le patient, quels sont ses objectifs thérapeutiques et quelles sont ses ressources disponibles. Le CATM est évalué à intervalles réguliers avec le patient.

La déstigmatisation des patients en santé mentale constitue l’un de nos objectifs stratégiques. Dans cette optique, nous souhaitons instaurer une relation où le patient se sent impliqué dans tous les aspects de sa prise en charge, au même titre que le personnel soignant.

Pour y parvenir, nous avons modifié notre approche en matière de collecte d’avis et d’opinions auprès de nos patients (hospitalisés principalement et si le thème s’y prête les patients en ambulatoire participent également) et du personnel. Plutôt que de mener des enquêtes distinctes avec des questions différentes pour chaque groupe, nous avons mis en place des enquêtes qui sollicitent leur point de vue respectif sur les mêmes sujets.

Ces feedbacks aident la direction à améliorer la qualité de nos services et l’expérience de nos patients et de notre personnel.

Cette approche contribue à une meilleure compréhension mutuelle et une collaboration plus étroite entre patients, collaborateurs et direction.

Le « Patienten- a Prochë-Rot » est un organe participatif pour notamment :

• Identifier les actions afin de maintenir ou améliorer la qualité de prise en charge et de suivi des patients et du soutien de leurs proches ;
• Donner des avis sur différents projets institutionnels par exemple projets architecturaux ou rénovation, questionnaire satisfaction, mise en place de prévention des risques (identitovigilance, chutes, etc.), documents à destination des patients et proches… ;
• Sensibiliser les professionnels de santé de la Rehaklinik aux attentes et besoins des patients et de leurs proches.

Le conseil participatif des patients et de leurs proches a donc un rôle important, en formulant des recommandations sur les questions qui touchent l’expérience du patient et de ses proches.

Les pairs aidants (Peers) sont des personnes qui ont elles-mêmes vécu des expériences de troubles psychiques et qui utilisent ces expériences pour soutenir d’autres personnes confrontées à des défis similaires. Ils offrent un soutien émotionnel, partagent leurs propres expériences et aident les personnes concernées à trouver de l’espoir et des voies vers la guérison.

Les pairs aidants jouent un rôle essentiel, car ils apportent une perspective unique que d’autres professionnels ne peuvent souvent pas offrir. Leur propre histoire crée un lien et une compréhension qui encouragent et inspirent les patients. Ils peuvent servir de modèles en montrant qu’il est possible de mener une vie épanouissante malgré les troubles psychiques. De plus, les pairs aidants favorisent l’autonomisation des patients en les aidant à prendre la responsabilité de leur rétablissement et à développer la confiance en leurs propres capacités.

Les pairs aidants apportent une perspective précieuse et unique à la formation du personnel en psychiatrie.

Grâce à leurs propres expériences avec des troubles psychiques, ils peuvent offrir aux apprenants une compréhension plus profonde des défis et des besoins des patients, allant au-delà de ce que le savoir théorique peut enseigner.

En partageant leurs histoires et leur parcours personnel, les pairs aidants aident les futurs professionnels à développer l’empathie et la compréhension, des qualités essentielles pour interagir avec les patients. Ils peuvent offrir des perspectives réelles sur le processus de rétablissement et montrer l’importance de voir les patients non pas comme des cas, mais comme des personnes à part entière.

Dans le cadre de nos formations sur les troubles psychotiques nos professionnels de santé ont l’opportunité d’apprendre la souffrance, la stigmatisation et les défis à relever à travers le retour d’expérience du patient (pair aidant ) ayant vécu ce trouble.